Le déferlement d’ignominies qui a suivi l’annonce de la libération de Georges Ibrahim Abdallah oblige à une autre publication après l’article paru le jour de cette annonce.
Il y a ceux qui dans le souci de soutenir bec et ongles les horreurs qu’Israël commet en Palestine se jetent sur la nouvelle sans rien savoir. Des raisons et des conditions de la condamnation d’Abdallah, de la scandaleuse durée de sa détention, et bien évidemment de la véritable personnalité de celui que la France a gardé en prison pendant 40 ans. Ceux-là n’ont démontré une fois de plus que leur bêtise et leur absence d’humanité.
Mais il y a les autres, ceux qui savaient parfaitement de quoi il s’agissait, et en ont quand même profité pour déverser leur propagande la plus grossière.
La palme de la cochonnerie revient évidemment à Retailleau qui a insulté le patriote libanais en escamotant son premier prénom (Georges) pour conserver celui d’Ibrahim. Histoire de le faire passer pour un musulman islamiste, alors qu’Abdallah est un chrétien maronite, militant communiste, qui combattait contre Israël et les États-Unis quand ces deux pays directement et indirectement avait envahi le sien causant la mort de près de 20 000 civils.
Les soutiens militants d’Israël s’en sont également donnés à cœur joie, escamotant les conditions dans lesquelles sont intervenus les assassinats dont la justice a considéré qu’Ibrahim Abdallah était le complice. Passant également sous silence le fait que le militant libanais était judiciairement libérable depuis 25 ans, et que seules, pressions et interventions politiques, auxquelles comme d’habitude les autorités françaises se sont servilement soumises, ont empêché le respect des décisions des juridictions d’application des peines.
S’il n’y avait ne serait-ce qu’un prisonnier politique en France, c’était bien Georges Ibrahim Abdallah.
Dans quel contexte sont intervenus en 1982 les assassinats des deux diplomates israéliens et américains, dont il sera reconnu plus tard qu’il s’agissait d’agents de services secrets ? En 1982 Israël, comme d’habitude sans déclaration de guerre avait envahi le Liban afin de « liquider » l’OLP qui avait son siège à Beyrouth. Cette guerre atroce, à base de bombardement des quartiers civils a provoqué au moins 18 000 morts parmi cette population. C’est également à ce moment-là que se sont déroulés les « massacres de Sabra et Chatila » perpétré par des milices chrétiennes sous la protection de l’armée israélienne. Tous les historiens savent très bien la responsabilité de « l’armée la plus morale du monde » portait une lourde responsabilité. C’est une commission d’enquête israélienne (la Commission Kahan) qui a conclu en 1983 que le ministre de la Défense israélien de l'époque, Ariel Sharon, portait une « responsabilité personnelle » dans ces événements dont le bilan se montait à plus de 2000 morts, femmes, enfants et personnes âgées.
Georges Abdallah arrêté en France en 1984.
Une série d’attentats terroristes ont frappé la France entre 1985 et 1986, revendiqués notamment par le groupe islamiste chiite pro-iranien « Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient ». Une invraisemblable campagne de presse a visé à faire porter à Abdallah et à son organisation la responsabilité de ces attentats. Alors même qu’on le saura par la suite, il s’agissait de groupes liés au terrorisme pro-iranien pour protester contre le soutien français à l’Irak durant la guerre Iran/Irak. Avec lesquels l’organisation d’Abdallah n’avait rien à voir.
C’est dans ce contexte que le militant libanais sera jugé et condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité par une cour d’assises spéciale chargée de juger les affaires de terrorisme. Et ce après une procédure assez invraisemblable. Il y eut s’abord la violation de la règle « non bis in idem » avec Abdallah jugé deux fois pour les mêmes faits. Il y eut ensuite l’aveu postérieur de son avocat reconnaissant qu’il l’avait trahi et travaillé avec les services secrets français. Rien que cette situation ahurissante de violation de tous les principes qui gouvernent le procès pénal, rendait difficile le déroulement d’une procédure régulière. Ensuite toujours, contraint de changer d’avocat, Abdallah commit l’erreur de choisir Jacques Vergès qui mit en œuvre une soi-disant stratégie de rupture absurde, irresponsable et provocatrice. En menaçant la Cour de représailles si celle-ci entrait en voie de condamnation, meilleur moyen de faire plonger son client. Malgré ses dénégations concernant sa complicité Georges Abdallah fut condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Et malgré ces énormités, il ne fut pas possible d’obtenir une révision de la procédure.
En application de la loi française, il est libérable depuis 1999. Sa remise en liberté a été prononcée à plusieurs reprises par le tribunal d’application des peines. Libération systématiquement annulée par les juridictions supérieures sur appel tout aussi systématique du parquet. En général sur pression du pouvoir politique et pour céder aux injonctions des États-Unis alors qu’Israël se révéla plus discret, préférant peut-être des méthodes plus expéditives. Le sommet fut atteint quand sa libération fut prononcée avec la condition de la prise par le ministre de l’Intérieur d’un arrêté d’expulsion. Manuel Valls, jamais en retard d’une vilenie, refusa toujours de le prendre... Maintenant ainsi Abdallah en prison. Où il restera enfermé pendant plus de 40 ans, étant alors le plus ancien détenu des pays de l’UE.
En France, on pratique les doubles standards
La guerre secrète, ça existe. Et lorsqu’on est en guerre on la pratique. Israël qui est en guerre depuis sa création le fait, mais habituellement discrètement. Car quand ses services interviennent sur le territoire d’État étranger, en droit cela s’appelle du terrorisme. On renvoie pour cela au film de Spielberg « Munich ». Et à l’exécution de Mahmoud Hamchari sur le territoire français. Tout le monde sait qui a perpétré cet attentat, sauf manifestement les autorités françaises qui n’ont jamais bougé.
Rappelons les déclarations du chef du Shin Bet Ronen Bar, « qu’Israël travaillera à l’assassinat des dirigeants du Hamas. Le Conseil ministériel, le cabinet israélien nous a fixé un objectif, qui est en termes simples, l’élimination du Hamas, et nous sommes déterminés à le faire. Partout, à Gaza, dans la Cisjordanie, au Liban, en Turquie, au Qatar ». Comme d’habitude Netanyahou ne s’est pas gêné lorsqu’il a annoncé son intention le 22 novembre 2023 en déclarant : « J’ai donné l’ordre au Mossad d’agir contre les dirigeants du Hamas où qu’ils se trouvent ».
Comprenons-nous bien, vouloir frapper son ennemi à la tête a une autre légitimité morale que le massacre des civils de Gaza. Et à la guerre, ça marche comme ça. Mais en la circonstance ce qui est effarant c’est le sentiment d’impunité qui anime le pouvoir israélien revendiquant par avance le droit d’aller pratiquer le terrorisme sur le territoire d’autres États !
Concernant la France, si jamais cela arrivait chez nous, on peut malheureusement imaginer ce que serait la réponse de Macron et des dirigeants français. Rappelons-nous les réactions dans notre pays après les attentats terroristes perpétrés par Israël au Liban avec l’utilisation des « pagers numériques ». Ce ne fut qu’acclamations ravies lancées par les soutiens de l’État hébreu. Alors qu’il s’agissait explicitement d’attentats terroristes, que ces méthodes sont interdites par une convention internationale qu’Israël a signée, et qu’ils ont entraîné la mort et les blessures de civils innocents et en particulier d’enfants.
Alors oui, Georges Ibrahim Abdallah n’était pas un terroriste islamiste comme les menteurs et les ignorants veulent le faire croire. C’était un combattant libanais luttant contre les agresseurs de son pays et ceux qui les soutiennent. C’était un prisonnier politique, condamné sur des bases politiques et maintenu en prison au-delà de sa peine, pour des raisons politiques.
Prétendre le contraire est une indignité. Mais on sait bien quel est son objectif. Absoudre Israël de ce qu’il fait à Gaza.
Qui aura capacité d'unifier la résistance dans un nouveau C.N.R, alliant l'extrême droite, les royalistes, les militaires, les syndicats, les nouveaux communistes et autres dissidents politiques ? C'est la seule question qui mériterait une réflexion attentive en ces sombres temps pour la France.
Merci de rétablir les faits et de démasquer les ordures politiques, merdiatiques et judiciaires qui les atrophient (supprimer «Georges» du prénom), les travertissent (accusations de «terroristes» pour décrire un résistant) et les manipulent («respect d’un verdict» inique, illégal et injuste) pour mieux entuber, tromper et dominer l’opinion publique au service de leurs intérêts de classe.
La bourgeoisie française et son aristocratie ouvrière ont un besoin capitaliste irrésistible du gaz gazaoui, de l’or noir arabe et perse et des richesses naturelles russes d’où qu’ils sont résolus à toutes les infamies comme soutenir le génocide des palestiniens martyrs, les bombardements à la Pearl Harbor de l’Iran, la mise à feu et à sang de tout l’Orient occidental, d’une guerre en Ukraine, dans ces circonstances que que peut représenter la détention criminelle d’un résistant libanais pour ces criminels génocidaires endurcis?
Il y a fort à craindre que le temps des «conversations» avec ces ennemis du peuple est révolu et comme pour la protection des russophones ukrainiens:«[L]e pouvoir est au bout du fusil».